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Causes de régression

Causes de régression

La dégradation et la modification des habitats ont été des facteurs majeurs du déclin du Grand tétras en France depuis 50 ans. Parmi les plus importantes, on peut citer la fermeture progressive des forêts, qui peut résulter de multiples causes dont les principales sont :

  • le déclin ou l'arrêt du pâturage en forêt : l'abandon progressif de cette pratique a entraîné la fermeture des milieux par une recolonisation de l'épicéa et du hêtre. Malheureusement, ces milieux sont  recherchés par le Grand tétras pendant la période d'élevage des jeunes, car la diversité en insectes et fleurs est importante.
  • l'intensification de la sylviculture par un rajeunissement général des futaies résineuses :
    - Baisse des diamètres d'exploitabilité ;
    - Durées entre deux coupes (rotation) plus courtes ;
  • La fermeture des hêtraies de l'étage montagnard : de nombreux propriétaires ont abandonné la gestion traditionnelle en taillis fureté (irrégulier) pour le bois de chauffage, entrainant alors une perte de diversité en terme de structure et une maturation des forêts de hêtres qui créait de multiples clairières riches en fruits et en plantes herbacées.
  • Le développement brutal du hêtre dans le sous étage des futaies jardinées résineuses : son développement important causé par des mises en lumière brutales (récoltes de bois importantes, chablis...) est responsable de la fermeture du sous étage et de ce fait, de la diminution de la strate herbassée.

Les activités de pleine nature hivernales et printanières en forêt sont responsables d'une augmentation des dérangements, entrainant une diminution significative, voire une extinction locale des effectifs de Grand tétras sur les secteurs les plus fréquentés. Il est ainsi plus rare de l'observer à moins de 100 mètres de part et d'autre d'un chemin ou d'une route régulièrement utilisé que dans le reste de la forêt.

Les scientifiques ont démontré que ses distances de fuite augmentaient dans les endroits où il est régulièrement dérangé. Un animal qui fuit devient alors plus facilement visible par ses prédateurs, passe moins de temps à s'alimenter et brûle une énergie précieuse pour sa survie hivernale.

Une étude suisse a démontré que les oiseaux subissant un dérangement hivernal fréquent et répété, voyait leur taux de corticostérone (hormone liée au stress) fortement augmenter. Ce taux est d'autant plus important que le dérangement est irrégulier comme dans le cas de la pratique du hors-piste. Cette forte concentration d'hormones joue sur ses fonctions vitales (performance reproductrice, élevage des jeunes, état physiologique...).

Enfin le parasitisme serait beaucoup plus important chez les oiseaux régulièrement dérangés comme l'a récemment démontrée une étude dans les Alpes sur le Tétras lyre, espèce proche du Grand tétras.

L'ensemble de ces modifications physiologiques affaiblissent les individus, qui ont alors moins d'énergie disponible à consacrer à l'alimentation, la reproduction, l'élevage des jeunes...

Exemple :
Une étude réalisée dans les Pyrénées ariégeoises (BRENOT, CATUSSE et Al. En 1996) a permis de mettre en évidence l'impact négatif de la création de pistes de ski de fond sur les populations de Grand tétras.
Pour cela 3 secteurs de structures forestières identiques (pinèdes d'altitude), très favorables au Grand tétras ont été étudiés :

  • Le plateau de Beille nord présentant une densité importante de pistes de ski
  • Le plateau de Beille sud avec une densité plus faible de pistes de ski
  • Le secteur témoin, le plateau de Bourbourou ou aucune piste de ski n'a été créée

Des recherches d'indices de présence du Grand tétras ont été réalisées dans les trois sites.
Après analyse des résultats, on s'aperçoit que la population de Grand tétras est restée stable sur le secteur témoin alors qu'elle a fortement décliné dans la zone ou le réseau de pistes de ski est le plus dense. On note également, dans une moindre mesure, le déclin de la population sur le second secteur.

Les activités touristiques estivales (randonnée, vélo tout terrain...) sont sans doute moins préjudiciables au Grand tétras que celles qui se pratiquent en hiver et au printemps, sauf dans les cas de fréquentation massive et non canalisée.

FichierDescriptionTaille
Icône PDF preventiontetras.pdfPlaquette sur les effets du dérangement3.38 Mo

La prédation est importante sur les pontes, les jeunes et les immatures (de 70 à 90% des cas) attrapés en début d'été et pendant la phase de dispersion automnale. Il est certain que le renard, la martre et dans une moindre mesure l'Autour des palombes (l'Aigle royal et le Hibou grand-duc parfois aussi) prélèvent des Grand tétras adultes. Ceux ci sont plus vulnérables au moment des parades (agitation en zone découverte) mais le rassemblement de plusieurs coqs au même endroit leur permet une surveillance accrue des dangers. Les poules peuvent aussi être capturées lorsqu'elles sont au sol pendant la couvaison.

Autrefois pratiquement absent des forêts de montagne et des régions fortement enneigées, le sanglier est aujourd'hui présent sur l'ensemble de la chaîne jurassienne. Il est de plus en plus accusé d'être un redoutable prédateur des pontes et des jeunes poussins mais on manque encore de preuves scientifiques à ce sujet.

En règle générale, le Grand tétras s'accommode d'occuper le même espace que les gros herbivores (vaches, cerfs ou chevreuils). Des nichées sont observées régulièrement dans les prés-bois pâturés. Cependant, en très forte densité et concentré sur un secteur donné, le cerf peut avoir un impact non négligeable sur l'habitat du Grand tétras en consommant excessivement la strate basse (fleurs, myrtilles..), base de son alimentation estivale. On constate également que les frottis sont généralement effectués sur les arbres fruitiers (érables, sorbiers...) que le Grand tétras et la Gélinotte des bois affectionnent pour leurs graines, leurs fruits et leurs bourgeons.

Les conditions météorologiques durant la période de reproduction (de la période précédant la ponte aux premières semaines de vie des jeunes) influent fortement sur le succès de celle ci. En effet si les conditions météorologiques sont mauvaises (pluie, froid...), les jeunes restent sous la mère au lieu de s'alimenter et finissent par mourir de faim et d'épuisement. Dans les massifs montagneux français, les données de la Météorologie Nationale font aussi état de récents changements dans les conditions atmosphériques estivales qui semblent plus pluvieuses. Parallèlement, on assiste à une diminution significative du succès de la reproduction dans le Jura. Ainsi, il est probable que, comme pour l'Ecosse, les changements climatiques en cours jouent un rôle déterminant dans le devenir des populations.

D'un point de vue sylvicole, on assiste depuis les années 70 à une augmentation en altitude du hêtre qui entraîne alors la fermeture progressive du sous étage. Ce phénomène est sans doute en partie, une réponse au réchauffement climatique.

Les infrastructures (routes d'accès, pistes de ski,...) sont à l'origine du fractionnement voir de la perte d' habitats favorables pour le Grand tétras. Les câbles des remontées mécaniques sont à l'origine de collisions mortelles avec les oiseaux. En cas de mauvaise visibilité (pluie, brouillard...) les oiseaux ne voient pas les câbles et rentrent en collision, provoquant généralement leur mort. Une étude de l'Observatoire des Galliformes de Montagne montre que le Tétras lyre dans les Alpes et le Grand tétras dans les Pyrénées sont les espèces les plus sujettes à ces collisions. Ce problème provient certainement du fait que ce sont des oiseaux territoriaux (exposition au danger permanente), de grande taille et au vol rapide. D'après cette étude, il apparait que les téléskis sont de loin les plus dangereux avec 79% des cas de mortalité.

La voirie forestière et pastorale est souvent responsable d'une intensification de la sylviculture, affectant parfois la qualité des habitats et entraîne une augmentation presque systématique des activités touristiques et donc, des dérangements.

On estime que durant la première année de leur vie, 80% des poussins périront. La stratégie de reproduction est en fait basée sur la longévité des adultes, qui peuvent atteindre 10 à 15 ans en captivité.